La paroisse oubliée…
« Il n’est pas possible de dire actuellement à quelle époque précise une chapelle ou une église fut construite dans le village de St-Christophe. Mais on ne risque pas de se tromper en la situant entre le XIIe et le XVIe siècle. En effet, le culte de Saint-Christophe fut très vif en France pendant toute cette période.
D’autre part, il existe au presbytère de Sauviat, une statue en pierre calcaire, haute de 80 centimètres et représentant un Saint-Christophe, dans l’attitude classique du passeur portant l’Enfant Jésus sur son épaule. Quoique mutilé, car la tête de l’enfant Jésus et les bras du Saint manquent, cette statue est quand même en assez bon état pour qu’on puisse la considérer comme étant l’œuvre d’un sculpteur du XVe et peut-être du XVIe siècle.
Or cette statue provient de l’ancienne église de Saint-Christophe : toutes deux pourraient donc être de la même époque.
Cette église avait-elle une valeur architecturale ? Il ne semble pas. On possède à ce sujet un document relativement récent. Il est de janvier 1840, soit : de cinquante ans, après la Révolution. Il s’agit d’une lettre envoyée à Monseigneur de Tournefort, évêque de Limoges, et lui demandant l’autorisation d’utiliser les ruines de l’église de Saint-Christophe, pour réparer le presbytère et l’église de Sauviat.
La lettre porte les signatures de Honoré Mercier, curé de Sauviat, Pierre Henry, maire, Antoine Gloumeau, percepteur, Jean Pasquet et Léonard Bort, du conseil de paroisse.
« Cette chapelle –dit la lettre- complètement en ruine, ne présente aucun souvenir historique ou artistique qui puisse en faire désirer la conservation, n’étant au contraire qu’un bâtiment de murs simples et sans ornements, sans toiture et détrempés par les pluies. Elle ne sert plus au culte depuis 50 ans, ainsi que la parcelle de terrain qui l’entoure qui lui-même est encombré de ronces et de pierres et autres matériaux épars ».
En supposant que pour obtenir plus facilement la permission de prendre les pierres, les signataires de la lettre aient exagéré le délabrement de l’église, leur requête prouve malgré tout, son mauvais état. Elle démontre en plus, que la population ne fut pas ou ne voulut pas relever les murailles croulantes d’un édifice désaffecté depuis un demi-siècle.
Quoiqu’il en soit, les pierres, comme beaucoup le savent, ne furent pas toutes enlevées et transportées à Sauviat. Plusieurs ont servi pour la construction de la maison bâtie depuis sur une partie de l’emplacement de l’église et à proximité du cimetière devenu maintenant un jardin. On les voit çà et là, dans les murs, ainsi que des tronçons de colonnettes dont deux coiffent le sommet d’une cheminée. Ces colonnettes de 17 à 18 centimètres soutenaient peut-être le curieux chapiteau conservé lui aussi à Sauviat et dont la base est constituée par l’amorce de cinq colonnes, une au centre et les autres aux quatre coins. L’ensemble pouvait être le piédestal de la statue de Saint-Christophe. »
« Outre le bourg, avec son église et son cimetière, elle comprenait les seuls villages de Feytaugot, la Quaire, le Buisson, la Ganne et le Montanti.
D’abord annexe de Sauviat, elle devint paroisse indépendante avec curé résident, après 1635.Appelée successivement : Saint-Christophe-au-Bost, puis Saint-Chrisptohe près Sauviat (1682), et enfin Saint-Christophe-en-Dognon, elle cessa d’être indépendante après la période révolutionnaire. Ses immeubles furent de nouveau et définitivement réunis à Sauviat, par un décret du 30 mai 1806.
Des noms qui nous sont familiers, figurent sur les registres des actes de baptêmes, mariages et sépultures, bien avant l’année 1700. Tels ceux des Redon, Périer, Pasquet, Boutissou, Boule, Tourte, Nannet (Naneix), Faure, Demichel, Desimon, Baure (Bord), Chaume, Mitou, Piarotas, Delagrandanne, Janton, Legay, Trousset, Maslinaud, etc
La plus ancienne famille semble être celle des Pasquet, de Feytaugôt. Dans ce village, probablement avant l’année 1600, ils sont souvent mentionnés par un surnom. On sait ainsi qu’il y avait les Pasquet, dits « Pasqualet », et les Pasquet, dit « Chaury », et parfois « Chaurillou ».
Une autre famille celle des Boussat, est restée longtemps à Saint-Christophe. L’un deux, Léonard Boussat, a été le premier et dernier « maire » de la commune. Elu « officier public » de sa commune, le 1er octobre 1792, il a signé les registres des naissances, mariages et décès jusqu’en 1812, mais seulement comme adjoint du maire de Sauviat-Saint-Christophe après 1806.
Il n’est pas téméraire d’affirmer qu’au 18e siècle, la population de la paroisse de Saint-Christophe a largement dépassé le chiffre de 300 habitants. En 1756, par exemple, il y eut 12 naissances, 11 décès en 1757.
14 familles vivaient à Feytaugot en 1792, 12 à Saint-Christophe même, 7 au Buisson, 3 à la Quaire, 3 au Montanti, 2 à la Ganne.
La population était essentiellement agricole. Le mot laboureur est le plus fréquent pour désigner la profession.
Mais on trouve aussi quelques familles d’artisans. Jean Demichel était tisserand en 1684. Jacques Boule, est dit « maistre tailleur d’habits ». Jean redon, était « marguiller » de Saint-christophe, en 1682.
C’est aux registres de la paroisse de Saint-Christophe, qu’on peut lire qu’en 1685, un certain Nicolas Trousset, était « maistre chirurgien » à Sauviat. »
Etudes de l’Abbé BIOSSAC.