L’ÉGLISE ST-MARTIN DE TOURS

Découvertes insolites…

Extrait des études et recherches de l’Abbé BIOSSAC (1944-1998)

« Les panneaux placés aux entrées Est et Ouest du bourg de Sauviat signalent que notre église est du XIIIe siècle.
Voici à ce sujet, ce qu’Albert de Laborderie écrit dans son ouvrage « 46 églises limousines », publié en 1946 sous les auspices de la Société archéologique et historique du Limousin. Ces quelques lignes permettront de répondre aux questions que certains pourraient poser.
« L’église actuelle, refaite, a perdu beaucoup de son intérêt. Les parties les plus anciennes paraissent dater du XIIIe siècle.
Nef unique avec chapelle au sud. Chevet droit et clocher à l’ouest. Le porche qui supporte le clocher est banal. Une arcade en plein cintre le sépare de la nef qui présente au nord, une porte et deux fenêtres. Cette nef est voutée en lambris et torchis avec des moulures peu anciennes en plâtre
Un triplet dont les baies de hauteurs égales, sont en plein cintre et très ébrasées, éclaire le chevet et indique le XIIIe siècle est un exemple de l’archaïsme de ces adjonctions faites aux églises rurales.
Ses ogives se rencontrent à une clef de voûte ronde encadrée de perles, portant la date de 1641. Il n’y a ni liernes, ni formerets. Les retombées se font sur des culots archaïques.
Rien à noter en tant que mobilier. La porte du nord, en arc brisé, refaite, ouvre au dessus d’un escalier de huit degrés.
Dans l’élévation de ce coté, une fenêtre bouchée pourrait être le vestige d’une très ancienne église ; elle est nettement romane, rappelle le XIe siècle. Il y a aussi de ce coté là un enfeu bouché.
Le clocher quadrangulaire, date du XVIIe siècle. Il se compose d’un dôme que surmonte un clocheton ». »

« Voici pour ceux qui connaissent ce modeste édifice, quelques précisions qu’ils seront sans doute heureux de lire ici.
D’abord, un fait évident : l’église actuelle en a remplacé une plus ancienne, et a été retouchée à plusieurs reprises.
Ainsi tandis que dans le mur du coté nord, deux petites fenêtres romanes, mais bouchées rappellent le onzième siècle, le chevet plat avec ses trois baies en plein cintre très ébrasées, indique, lui le treizième siècle.
D’autre part, la chapelle de la Sainte Vierge, au coté sud, ne fut construite qu’en1641, comme le porte une inscription dans la pierre de la clef de voûte.
De même, il y a à peine 116 ans (1843) que fut percée la grande fenêtre du fond où se voit depuis 1930, le vitrail qui représente Saint Christophe. L’ouverture en arc brisé de la porte d’entrée fut refaite en 1912.
C’est au dessus de cette porte et à même le mur que fut peinte en 1906, sur proposition de quelques conseillers municipaux, l’inscription suivante : République Française, Liberté, Egalité, Fraternité. Propriété communale.
Elle y resta jusqu’aux réparations de 1912, car entre temps, le ciment de la fraternité qui unissait les pierres entre elles, s’était peu à peu désagrégé. De plus, les pierres qui supportaient le poids des autres, ayant commencé à bouger au nom de l’égalité. Cette partie du mur menaçait de choisir la liberté de s’écrouler.
Les pierres encore bonnes et quelques autres furent alors remises en place… mais pas l’inscription.
Sur une grosse poutre de la charpente on lit la date de 1723 : c’est peut-être à cette époque que l’église reçut un plafond en planches qui plus tard (1843) fut remplacé par celui en lambris de torchis avec moulures en plâtre.
Les dimensions de notre église sont moyennes. Elles sont, d’après les mesures en usage autrefois, de cent pieds de longueur et de vingt-quatre pieds de largeur.
Il en résulte qu’actuellement et intérieurement, la surface de l’édifice se calcule sur 26mètres 50 de long et 5mètres 20 de large. Sous le clocher, cependant, dont les murs nord et sud avancent dans l’église, la largeur est de3 mètres 80 pour une longueur de 5mètres 40.
Quand à la chapelle de la Sainte Vierge que les registres paroissiaux de 1744 nomment chapelle du Rosaire, elle a 6m. 25 sur 5 mètres.
De ces chiffres et compte tenu de la place occupée par les autels et autre mobilier, on peut déduire que cent cinquante mètres carrés seulement sont à la disposition de l’assistance.
Il n’est pas étonnant qu’aux jours de grande affluence, l’église est trop petite. »

« Vers 1862, vue par Auguste Bosvieux, ancien archiviste de la Creuse.
Eglise de reconstruction moderne dont les murs et la charpente ont été abaissés.
Trois baies étroites mais peu longues placées sur la même ligne éclairent le chevet. Les autres baies qui sont ouvertes dans le mur droit sont modernes. Aucune colonne, ni trace de colonne ou de pilastre. Plafond en plâtre comme aux Billanges.
A l’entrée du chœur, à droite, une chapelle voutée en diagonale dont les arêtes retombent  aux quatre angles au bas de la corniche sur des culs-de-lampe insignifiants et dont la clef de voûte porte la date de 1641.
Une construction carrée a été adossée à l’extrémité de la nef. C’est la tour du clocher. Tout ceci est moderne. La porte d’entrée sur le côté droit a été refaite au moyen d’une ogive prise ailleurs.
Ogive du XVe siècle et chapiteau orné de fleurs. Traces de litre sur le côté. »

« L’église de Sauviat, on le sait, est un édifice modeste en architecture. Extérieurement, elle n’a aucune fleur de pierre à faire admirer. En allant du clocher au chœur on pourrait y regarder plus spécialement :
1° Le grand bénitier. Cette cuve circulaire, en granit de la région, mesure 1m20 de diamètre et 0m70 de hauteur. Elle contient plus de cent litres.
2°La statue de Saint Christophe : Sculptée dans une pierre calcaire, elle est du XIVe siècle, disent les connaisseurs. Avant d’être mutilée, elle avait 0m90 de haut. Elle appartenait vraisemblablement à l’église disparue du village de Saint Christophe.
3° Une statue en bois peint : On ne peut pas donner avec certitude le nom de la Sainte qu’elle représente. Cette sculpture très expressive est probablement du XVIIe siècle.
4° La statue dorée, de la sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus. Elle est en bois et fut achetée à Limoges en 1850 pour 90 fr. Elle est digne de considération, car depuis plusieurs années elle sert à la cérémonie du couronnement à la fin du mois de mai.
5°Un tableau, aux couleurs bien choisies. Il rappelle l’apparition miraculeuse de l’enfant-Jésus à Saint Antoine de Padoue. Cette gracieuse toile de 1m30 sur 0m95 porte l’inscription suivante : Appartient à Jacques et à René Lugagne.
6°L’autel de la Sainte Vierge : en marbre blanc, décoré et de style roman il fut acquis par la paroisse, en 1874.
7°Le grand tableau : plus grand que le précèdent, il mesure 2m sur 1m60. Cette toile non signée mais très belle, montre Jésus portant sa croix. Elle fut donnée à l’église de Sauviat, en 1843, par le gouvernement de l’époque et par l’entremise de M. Alphonse Dulérys de Peyramont qui était député.
8°Le maître-autel : Roman et en vieux chêne, il est l’œuvre d’un artiste. Une double inscription, très discrètement gravée en indique l’origine. D’un coté, celui de l’épitre, on lit : Mme de Peyramont, 1891. Du coté de l’Evangile on lit : J6B. Leprat, curé. Léon Valet, sculpteur à Saint Sébastien (Creuse).
La bénédiction de cet autel fut faite le 21 décembre de l’année sus-indiquée. Il fut payé 880 francs : on devine par qui.
Le chemin de croix et la plupart des autres statues sont en plâtre ; avec celle des vitraux, l’acquisition en est plus ou moins récente et leur valeur artistique plus ou moins grande. »