LA VOIE ROMAINE À PONTAUTY

 A l’époque Gallo-romaine

C’est là qu’on franchissait la Vige

Voici ce qu’Auguste Bosvieux dit avoir vu, en 1862, à Védrénas, commune de Montboucher.
« Près de l’habitation, dans une pièce de terre appelée « du Pigeonnier », se voient encore des restes de construction gallo-romaine.
Ils consistent en un mur circulaire comme celui d’une tour ayant 0m61 d’épaisseur et un peu plus d’un mètre d’élévation. Ces murs construits en petit appareil se composent d’assises de pierre à l’extérieur, d’assises de briques à l’intérieur, noyées dans un épais ciment formé de chaux et de tuileau du caractère romain le plus incontestable
Les briques ont 5cm d’épaisseur elles sont carrées et ont 30cm de coté. Dans l’intérieur du mur, sont pratiqués des conduits plus larges que profonds s’élevant perpendiculairement dans le sens de la hauteur. L’aire est en béton. On a trouvé dans l’intérieur de cette construction un fragment de corps en plomb, un fragment de moulure de marbre. La présence de ce corps en plomb a fait croire que c’était une salle de bain. Alors ces tracés perpendiculaires qui règnent dans la hauteur de la muraille ne seraient-ils pas des conduits destinés à laisser passer la chaleur de l’hypocauste. Diamètre intérieur 2m85.
Le champs est rempli de débris de tuiles à rebord, striées de briques plates et épaisses. On y retrouve encore par endroits des substructions de murs.
Les conduits placés dans l’intérieur des murs sont parementés de briques et au dessous se voient des assises de briques engagées d’un coté dans le mur et faisant saillie dans le mur, mais brisées. On dirait des assises d’hypocauste et je crois que telle était la destination du petit monument qui nous occupe. Un mur le reliait à la circonférence du bâtiment.
En deux points, le mur a été démoli et présente deux ouvertures qui ont peut-être existé autrefois, mais dont le parement dans tous les cas n’existe plus aujourd’hui. Dans ce même champ on a trouvé un tronçon de colonne cylindrique monolithe en granit de 1m20 de hauteur et de 0m20 de diamètre, munie d’un trou à une de ses extrémités comme pour recevoir le crampon qui le rattachait à un autre tronçon. »

Limoges, archives départementales Fonds Bosvieux.  

« La voie se perd depuis le pont, elle se dirigeait suivant une ligne perpendiculaire. Elle ne semblait pas se diriger sur Epagne.
2e notice. Carnet 22. 1862, Ossaria.
Dans les dépendances du village de Pontauty, tout près du pont, à 200m, on a trouvé, le 9 mars 1862, une quinzaine de réceptacles en granit comprenant des urnes funéraires et un plus grand nombre de ces urnes placées dans le sol, directement dans le sol.
Ces vases étaient enfouis à 30cm seulement. Le seul qui ait été conservé appartient au débitant de tabac de Sauviat. Il est en terre grisé avec bande striée au milieu de la panse. Il est rempli entièrement d’ossements brûlés, mélangés de charbon. Sa circonférence, à la panse, est de, 0m36. Sous l’urne étaient placés un trident à bouts ronds de 20cm, et un instrument en fer, de 22 cm, ressemblant identiquement aux cisailles dont on se sert pour tondre les chevaux.
Plus près de Pontauty encore on a trouvé des vases en terre rouge sigillée, sculptée, dont j’ai vu des débris, chez la même personne.
Huit des ces réceptacles en granit à gros grains se retrouvent encore sur le chemin qui s’embranche de la route de Clermont, entre le Nouhaud et Sauviat, pour aller au village de Pontauty, tout près du pont.
Tous ces réceptacles sont arrondis grossièrement et leur cavité est en moyenne de 0m15, celle du couvercle est moindre et ne dépasse pas 5cm.
La voie romaine ne touchait pas le champ où ont été trouvés ces vases, elle était séparée paar le village et la vige qu’elle traversait là probablement (Pontauty). »

NOUVELLE ETUDE :

« Malgré les nombreuses modifications réalisées dans le paysage, depuis et pendant plus de cent ans, la portion de la voie romaine décrite par Bosvieux, a été minutieusement étudiée, il y a une dizaines d’années par deux membres de la Société archéologique et historique du Limousin.
Le résultat de cet important travail signé Raymond Couraud et François July, a été publié dans le bulletin de la S.A.H.L de 1968. Tome XCV, pages 67 à 82. En ce qui concerne la direction de la voie, après la Vige, les auteurs de l’article sont affirmatifs : étant donné le relief du sol, la voie, après avoir passé la Vige, devait continuer vers le Puy-Raynaud et Le Nouhaud qui « situé, écrivent-ils, sur une arête entre deux vallées, semble le point obligé, prédestiné. »
A la sortie du Nouhaud, la voie allait en droite ligne vers la croix de la Demoiselle, passait la Béraude un peu en amont du pont du Beige et atteignait Pradeaude où Bosvieux aussi en 1869, en ait retrouvé et décrit un tronçon recouvert presque en entier par la route actuelle (carnet 47). »

« Le dictionnaire historique et géographique de la Haute-Vienne du Chanoine André Lecler, dont le bulletin municipal 77 a reproduit quelques extraits, dit, à propos d’Epagne que la voie romaine secondaire entre Clermont et Limoges, passait probablement en ce lieu.
Voici à ce sujet, deux importants documents inédits qui furent rédigés en 1862 et en 1869-1870, par un archiviste du département de la Creuse, Auguste Bosvi

eux, qui, semble-t-il, visita notre région, à plusieurs reprises. Ses notes concernant Sauviat, Montboucher, St Amand, Pourrioux etc. sont conservées à Limoges, aux archives départementales de la Haute-Vienne.
(Fonds Bosvieux. Série M. Carnets 20-22-47).
1re Notice. Carnet n°47, 1869 ou 1870. Voie romaine aux environs de Sauviat.
La voie romaine commence à se montrer à l’ouest de Sauviat, à 3km, dans le bois de Montpeyrat, dans la direction de la Ganne-Chassounaud. En ce point, elle forme un massif d’au moins 4m de large et exhaussé de plus d’un mètre.
La summa crusta existe encore presque partout, à nu ou bien recouverte d’un gazon. C’est le cailloutis ordinaire. Elle est conservée sur une longueur de 500m, ce chemin est la ligne directe de Saint-Priest-Thaurion. Elle passe à la Gasne-Chassounaud, dans les champs de Montanty où elle est visible.
En remontant vers la Marche, la voie, après avoir quitté les châtaigneraies de Montpeyrat, faisait une courbe pour se diriger vers Potauty. Dans cette courbe, elle a disparu, mais elle rejoint avec son massif bien nettement disséminé, quoique surplombant moins que plus haut, dans les champs situés entre les hameaux de Ribières et des Valades. Sa hauteur de ce point varie extrêmement tantôt elle est beaucoup moins considérable.
Sur le bord, la voie n’a gardé que le talus et un assemblage de 5 pavés, mais déplacés dont seul est debout un bloc de granit de 90cm de haut sur 30 de large au milieu. Une de ces pierres qui est renversée est semblable. Etait-ce un montoir ? Etait-ce une borne. Ce fragment entre les Ribières et les Valades se reconnaît sur près de 1km de long à sa saillie, à son saillant. Près du hameau de Pontauty la voie passait la Vige sur un gué formé de troncs d’arbres et d’un pavé de larges briques. Lorsqu’on a fait le pont actuel, un peu en avant du pont, de 2 ou 3 mètres, on a trouvé ces blocs de bois noirs comme du charbon, dont quelques-uns avaient été laissés en place et qui étaient accompagnés de gros fragments de briques.
C’est de l’autre côté de la Vige sur la rive droite qu’ont été trouvés des réceptacles funéraires ; on en voit encore aux environs du pont : 3 ronds, avec un trou de 20cm de profondeur sur 25cm de diamètre. Les pots en terre se trouvaient non dans la cavité, amis enterrés à côté du bloc, lequel n’était recouvert d’aucun opercule. Un des réceptacles de forme ronde très grossièrement taillé porte encore les traces d’un scellage en plomb. »

Etudes de l’ Abbé BIOSSAC.